Le 11 mars, cela fera un an que l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré la COVID-19 comme étant une pandémie ayant un impact global et nécessitant une réponse mondiale. Cependant, malgré les discours sur une expérience commune et la nécessité d’une mobilisation collective, nous voyons à peine la solidarité et l’engagement nécessaires pour faire face à cette pandémie. En ce qui concerne les traitements COVID-19 et les technologies de la santé, y compris les vaccins, les pays riches ont adopté des approches nationalistes, assurant un accès prioritaire et accumulant les vaccins pour leurs propres populations au détriment de la santé de chacun.
Seule la solidarité mondiale peut relever le défi actuel, en plaçant les droits de l’homme, la santé et la vie des personnes au centre de la réponse. Nous appelons nos gouvernements à se joindre à l’Afrique du Sud, à l’Inde et à plus de 100 autres pays pour soutenir la proposition de dérogation aux ADPIC soumise à l’OMC. La proposition prévoit la suspension temporaire du système de brevet pour les produits Covid-19 jusqu’à ce que l’immunité mondiale soit obtenue. Cette proposition donnerait à tous les pays du monde la possibilité de décider d’ignorer ou non certaines des dispositions du droit de la propriété intellectuelle énoncées dans l’accord ADPIC, afin de sauver des vies sans craindre de sanctions. Plus important encore, elle permettrait l’expansion et la diversification nécessaires de l’approvisionnement en vaccins, ce qui permettrait aux fabricants du monde entier d’en accélérer la production.
Cette dérogation – d’abord préconisée par les organisations de la société civile cherchant à obtenir un accès universel aux traitements contre le VIH-SIDA et validée par la déclaration de Doha de 2001 – appelle à la suspension des règles de l’OMC en matière de brevets (l’accord ADPIC) en cas d’urgence de santé publique. Une pandémie – ou comme le définit le Règlement sanitaire international de l’OMS : “une urgence de santé publique de portée internationale” – est précisément le genre de situation qui exige l’exercice d’une telle dérogation.
Le développement du vaccin COVID-19 a nécessité l’investissement de milliards de dollars de fonds publics ainsi que la contribution de volontaires du monde entier – au nord comme au sud – qui ont participé à des essais cliniques pour garantir leur sécurité et leur efficacité. Compte tenu de cet effort collectif, les vaccins COVID-19 devraient être un bien public mondial. Cependant, les gouvernements des pays à revenu élevé – même s’ils ont subventionné la recherche – ont donné la priorité aux intérêts financiers des sociétés pharmaceutiques, en protégeant leur propriété intellectuelle (PI) et leurs profits au détriment de la santé et de la vie de la population.
Les programmes de charité et de dons volontaires mis en place, tels que C-TAP et COVAX, auxquels nombre de nos gouvernements ont contribué, sont insuffisants pour assurer les taux de vaccination nécessaires pour sauver des vies et ralentir la propagation de la pandémie. En effet, 9 personnes sur 10 dans les pays à faible revenu devront attendre jusqu’en 2022 ou plus tard pour être vaccinées, alors que les pays riches ont obtenu suffisamment de vaccins pour vacciner trois fois leurs populations. Certains pays, comme le Canada, ont non seulement acheté ou commandé à l’avance suffisamment de vaccins pour vacciner cinq fois la population dans le cadre d’accords privés, mais ils prennent des stocks de COVAX AVANT que les pays à faible revenu n’y aient accès.
L’opposition de l’Union européenne, des États-Unis, du Canada, du Japon, du Royaume-Uni, de la Norvège, de l’Australie et d’autres pays riches à cette proposition ne fera que prolonger la pandémie et les multiples crises qui l’accompagnent – économiques, sociales, de santé publique. À un moment où l’accès urgent à tous les outils de prévention, de dépistage, d’endiguement et de traitement est impératif, cette opposition est intenable, autodestructrice et complètement immorale.
Nous demandons à nos gouvernements de cesser de bloquer la proposition de l’Afrique du Sud et de l’Inde. Le temps est venu de mettre fin au nationalisme vaccinal, aux profits privés et de se montrer solidaire pour une égalité en matière de santé et des droits humains.
Cette déclaration a été lancée par les groupes nationaux du People’s Health Movement en Australie, au Canada, au Japon, en Corée du Sud, aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans la région PHM-Europe. Rejoignez-nous dans cet appel pour un accès équitable aux vaccins COVID-19 pour tous, partout et pour la santé de tous !